Roman urbain (3)
Il effleurait le sol par l’intermédiaire de sa longue et fine cane, suivie de ses pas lents. Il ressentait chaque rainure séparant chaque pavé, chaque aspérité du sol. Un pavé avait été enlevé ici. Là, le goudron était plus rugueux qu’ici, où il est lisse. La canne reste attachée, un chewing-gum a fondu, peut-être une couche de goudron récemment étalée, ou un enduit devenu trop lisse avec les années. La bordure haute du trottoir s’interrompt, s’abaisse. Des pavés plus petits ont été mis en place plus loin, recouverts par des bandes lisses, épaisses, à la texture proche de celle du caoutchouc. La canne s’arrête sur une pierre lisse, un trottoir encore, qu’il faut gravir. En face, un mur, dont l’enduit semble se déliter, faisant ressortir la rugosité des moellons grossièrement taillés. L’homme effectue un quart de tour vers la gauche, laissant à sa droite le mur en cours de « décrépissement » et à sa gauche les larges bordures délimitant l’espace appelé « trottoir » et l’espace appelé « chaussée », réservé aux véhicules en tout genre.
Des pas, des bruits de pas, puis ceux d’un véhicule, d’autres bruits de pas, un pied léger ; des souliers à talon, le frottement d’un pneu sur des pavés.
Un véhicule freine sans s’arrêter. Un cycliste le contourne. L’homme poursuit inexorablement son chemin sur le trottoir, de pavés en pavés, de carrefour en carrefour. Nous n’avons pas pu voir quelle était sa destination car il est sorti de notre champ de vision.
Un véhicule croise son chemin, grand, pourquoi grand ? Le véhicule semble avoir ralenti devant l’homme, son passage a duré plus d’une seconde et demie. L’homme s’est arrêté. Il reprend son chemin. Nous le suivons à nouveau.
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