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Roman urbain (4)

Le crâne de l’homme immobile au premier plan présente une forte calvitie cachée sous des cheveux de couleur sombre rabattus en arrière. Il est vêtu d’un costume de ville sombre, coordonné, d’une chemise claire et d’une cravate à pois. Sur ses épaules, quelques points blancs semblent pouvoir être identifiés comme étant des pellicules. Nous continuons à l’observer. Il tient dans sa main gauche une sacoche noire, recouverte à l’extérieur de cuir ou d’un matériau apparenté. Cette sacoche est fermée par une boucle en métal. L’ouverture de la sacoche semble pouvoir être déclenchée par une simple pression du doigt sur l’un des angles de la-dite boucle.

 

L’homme n’est pas totalement immobile. Il ne se déplace pas, certes, mais les doigts de sa main droite, celle par laquelle il ne tient pas sa sacoche, bougent sans cesse, se pliant et se dépliant. La même main se déplace parfois le long de la cravate, effleurant au passage le revers du costume. En outre, cette main droite se glisse parfois, en alternance, dans la poche arrière du pantalon du costume ou dans la poche avant droit, du coté opposé à celui de la sacoche décrite ci-avant.

 

L’homme n’a pas interrompu sa station debout et immobile, nonobstant le mouvement de ses doigts et de sa main. Il est probable également que ses paupières se ferment et s’ouvrent en alternance, selon des intervalles variables difficile à définir plus précisément. L’homme vient de tourner la tête vers sa gauche, en même temps qu’un mouvement de sa main gauche secouait sa sacoche durant quelques secondes. Sa tête s’est tournée, sans déclencher une rotation similaire de son torse. Sa tête vient de retrouver à l’instant sa position précédente. Nous ne pouvons pas affirmer catégoriquement que le regard de l’homme soit immobile : il nous semble probable que l’homme déplace son regard dans tout le champ de vision que sa position dans l’espace lui permet d’embrasser. Sa position ne nous permet pas de contrôler la totalité de l’espace qui s’offre à sa vue.

 

Nous observons l’homme qui est resté immobile et à portée de notre vue, depuis plusieurs minutes désormais. A l’exception des mêmes mouvements que ceux décrits plus hauts, l’attitude de l’homme n’a pas changé. L’homme est demeuré au même emplacement que précédemment. Nous n’avons pas décompté le temps de sa station immobile, mais il nous semble qu’elle vient de dépasser trois minutes. L’homme regarde sa montre, qu’il porte au poignet de son bras gauche. Il a levé son bras et, simultanément, baissé sa tête pour, il s’agit d’une hypothèse, regarder l’heure indiquée par les aiguilles, trois, présentes sur cadran de la montre. Cette consultation ne semble pas avoir eu d’effets décelables sur son état d’esprit ou observables sur son comportement.

 

Sans aucun signe permettant de prévoir une telle action, l’homme vient de faire un pas en avant, déplaçant d’abord sa jambe gauche, puis sa jambe droite. Il reste immobile quelques secondes, fait glisser sa main droite sur le col de sa veste, glisse un doigt sur le revers de sa cravate, puis pose sa main avec une nonchalance apparente le long de son corps, à la verticale, le bras le long de son torse. Après quelques secondes de parfaite immobilité, sans prendre en compte sa bouche ni ses yeux que nous ne pouvons voir, l’homme se remet en marche.

 

Moins d’une minute plus tard, l’homme est sorti de notre champ de vision. Il a poursuivi son chemin dans la même rue avant de changer de direction en empruntant certainement une rue perpendiculaire. La sinuosité du tracé de la rue d’où nous l’avions observé ne nous a pas permis de le suivre efficacement dans toutes les étapes de son mouvement de translation physique. D’autres observateurs auront peut-être pu prendre notre relais afin de déterminer, cela nous semble nécessaire, la destination de l’homme et ses éventuelles activités ultérieures. Après vérification, il faut préciser que l’homme n’a laissé aucune trace sur le lieu de sa station immobile d’une durée estimée de trois minutes et trente-trois secondes.

 

Un autre homme, aux cheveux de couleur claire, blonds peut-être, vêtu d’un survêtement de couleur claire, blanc ou beige,  a pris place au premier plan.

 

 

 



07/12/2014
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